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[Pixels Hunters] Ousmane Makaveli, autodidacte et surtout engagé

La photographie est un art que beaucoup de jeunes Africains pratiquent de plus en plus. Cet art est également utilisé ces dernières années pour défendre des causes. Ousmane Makaveli est l’un de ces photographes, qui n’hésite pas à utiliser la photographie pour faire passer des messages et militer pour ses convictions. Comment en est-il arrivé à faire de la prise de vue un vecteur d’idéaux et de valeurs ? C’est ce qu’il nous a expliqué dans ce quatrième numéro de Pixels Hunters.

Ousmane Makaveli, pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?

Bonjour. Je suis Ousmane. Je suis blogueur et photographe autodidacte.

Pourquoi la photographie ? Quelle a été votre première rencontre avec la photographie ?

J’ai choisi la photographie pour répondre à ce besoin de participer à l’écriture de l’histoire de l’Afrique. C’est aussi pour raconter notre histoire avec nos propres mots. La photo pour prendre position, car c’est de l’activisme être artiste. Enfin, j’ai choisi la photo, parce que des gens ont cru en moi et m’ont aidé a évoluer. C’est la solidarité et le partage.

Quels sont les photographes qui vous ont inspirés, vous inspirent et pourquoi?

Tout m’inspire en vrai. Je trouve mon inspiration dans la musique, les films, les discussions, les livres… Je crois que tout est lié, mais je ne trouve pas toujours mon inspiration directement dans la photo, mais ailleurs. Sinon j’apprécie énormément le travail de King Massasi, Kalapo, etc.

On peut voir du portrait, des paysages, des animaux, de l’architecture… dans vos photos. Vous combinez les styles de photographie. Est-ce une volonté de ne pas vous focaliser sur un seul genre de photographie ?

Ce que j’aime dans l’art, c’est la liberté. J’aurais été professeur de philosophie si je pouvais rester à ma place. Mais Dieu m’a fait comme ça. Je suis un aventurier, quelqu’un qui veut découvrir et expérimenter. Tant que je me sens bien dans la discipline, je ne me censure pas.

Pourquoi avez-vous fait ce choix de vous intéresser à tout ce qui est en extérieur ? Qu’est-ce que cela implique ? On a l’impression que vous vous baladez partout avec votre appareil photo. Est-ce le cas ?

En parlant d’appareil photo, pensez-vous que la qualité de l’appareil photo compte pour faire une belle photo ou l’œil de photographe suffit quelque soit l’outil dont on se sert ?

Je pense qu’une belle photo vient de notre sensibilité. La photo c’est l’émotion, c’est le message. L’appareil, c’est juste un outil pour nous permettre de raconter justement ces émotions. L’appareil, le matériel compte peu. Tout dépend à quel point on est capable d’ouvrir son coeur.

Si vous devriez recommander des outils de photo à un photographe débutant, quels seraient ces outils ?

Je lui dirai de beaucoup voyager, d’oublier Photoshop et les appareils trop chers pour se focaliser sur la photo.

Au Mali, est-ce possible de faire de la photographie et d’en faire un métier ? Est-ce un métier qui nourrit celui qui le pratique en Afrique?

Oui, si on fait les photos de mariage. Je pense que le problème des photographes au Mali, ce n’est même pas l’argent. C’est le respect et la considération qui manque. Il y a peu d’estime pour les photographes, très peu. C’est aussi aux photographes de se respecter, de voir leur travail avant tout comme une prestation artistique plutôt qu’une activité marchande quelconque.

Vous êtes très présents sur les réseaux sociaux. Quelle place les réseaux sociaux occupent-ils dans l’exercice de votre métier de photographe ?

Je crois en la valeur du partage. Et les réseaux sociaux offrent cette opportunité. On grandit en partageant son travail. Et on apprend beaucoup en étant sur les réseaux sociaux. En bien ou en mal, on a toujours des retours et ça, ça aide à grandir.

Toutes vos photos partagées sur les réseaux sociaux sont signées. Pourquoi est-ce si important pour vous de marquer vos photos de votre signature ?

Oui, c’est important en attendant que je sois assez grand photographe pour qu’on reconnaisse mon travail sans que mon nom ne soit dessus. Aussi, ça protège un peu du fait que les gens s’approprient le travail des autres.

Au regard de vos publications, on sent que vos photos sont destinées à faire passer des messages. Considérez-vous que vous êtes un photographe engagé ? Si oui, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ?

Avec ce que nous vivons dans nos pays en bien ou en mal, on ne peut qu’être engagé. Plus généralement, l’art africain a toujours eu une fonction sociale. Pour moi, tout vise quelque part à rendre le monde meilleur. Nous sommes une génération dans laquelle l’image parle beaucoup. Alors on s’en sert pour montrer à la société où nous en sommes, où nous pouvons être et quelles peuvent être les solutions.

Quelle est votre plus grande réussite ou fierté en tant que photographe aujourd’hui ?

C’est d’avoir la possibilité de montrer chaque jour à travers ma passion que nous devons rêver, qu’un autre Mali est possible.

Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Ousmane Makaveli pour les prochaines années ? Votre mot de fin

Beaucoup de voyages, de rencontres, d’amour et de partages.

Autodidacte, engagé, activiste, libre : ce sont là les adjectifs qui résument Ousmane Makaveli. Nous voilà au terme de notre rencontre avec le photographe malien. On vous laisse méditer sur ce beau coucher de soleil, capturé par ses soins.

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