Nous avons rencontré Darimage, jeune photographe béninois, diplômé en gestion de projet, en diplomatie et employé de banque. Remarqué surtout à travers ses photos blanc-noir dans un monde pourtant rempli d’une multitude de couleurs différentes, il nous révèle dans cette interview son histoire avec la photographie, son parcours artistique et partage aussi quelques conseils aux aspirants photographes.
1- Pouvez-vous nous en dire plus sur votre appellation Darimage?
Darimage, c’est un terme qui est apparu quand il s’est agi pour moi de trouver la signature qu’allait porter mon travail. J’ai alors pris les initiaux de mes nom et prénoms (DANSOU Agognon Richard) auxquels j’ai juste ajouté Image. Je suis impressionné par ce que cette signature est devenue car il m’est souvent arrivé de rencontrer des gens qui connaissent Darimage sans pour autant connaître ma personne. Certains préfèrent carrément m’appeler ainsi et je trouve cela un peu amusant d’avoir une sorte de double personnalité.(Sourire)
2- Comment votre histoire d’amour avec la photographie est-elle née ?
Mon histoire avec la photo remonte vraiment au collège. J’ai été orphelin très tôt, et la généreuse femme qui a fait office de mère pour moi, Mariette GARRABE-FERRAN, prenait des photos tout le temps. C’est d’ailleurs cette dernière qui pour la première fois me suggéra plus tard l’idée de faire un stage en photographie. J’ai d’abord été un des clients fidèles des patrons de studio photo.
A proprement parler, ma grande aventure avec la photographie a commencé en 2010 au début de mes études du second cycle avec l’achat de mon premier Appareil Photo Numérique (APN) le 31 décembre 2010. Je m’inscrivis alors à l’Union Culturelle et Artistique des Etudiants (UCAE) en janvier 2011 où je resterai le seul membre de la section Photo-Vidéo jusqu’à la fin de cette année artistique. Là, je me suis fait mes armes en étant le reporteur de toutes les activités de l’UCAE et c’était une expérience très enrichissante pour moi.
3- Il y a-t-il des artistes que vous aimez particulièrement et qui auraient influencés votre approche de la photographie ?
A mes débuts, j’ai rencontré sur un spectacle de théâtre le béninois Ishola Akpo. J’ai beaucoup été impressionné par sa démarche artistique. En 2014 j’ai fait la connaissance du doyen Eric Ahounou qui dans le domaine a un parcours impressionnant. Son exemple m’a renforcé dans la conviction selon laquelle même en étant ici on peut se faire remarquer par le monde.
Aussi, j’aime le travail du Brésilien Sebastiao Salgado dont le parcours est fabuleux et qui est particulièrement doué pour le noir et blanc. J’apprécie également le travail de l’Italien Germano Miele qui en plus de faire du noir et blanc impeccable a un œil terrible.
Dernièrement j’ai découvert sur Facebook un photographe qui s’appelle Stéphane Dufils dont le travail m’a énormément plu. Depuis que je suis en photographie c’est pour la première fois que je me sens autant proche artistiquement d’un photographe. J’aime sa touche pour la charge d’émotion que contient chacune de ses images.
[bctt tweet=”Je suis peut-être le mélange de beaucoup de photographes. – Richard Dansou ” username=”darimage @iwariapic”]
Il ne faut pas oublier le revers de l’influence qui peut vous noyer quand vous n’y prenez pas garde.
4- Quels sont les domaines de la photographie dans lesquels vous aimez travailler ?
Je suis portraitiste dans l’âme. Mais au-delà de tout je suis un artiste. Un artiste ne se limite pas dans les thématiques qu’il peut aborder. En la
matière l’Afrique a un gros potentiel et notre patrimoine m’interpelle beaucoup en matière de photographie. C’est un domaine que je n’ai pas
encore eu le temps d’explorer mais qui me tient véritablement à cœur.
5- Vos thèmes sont-ils mûrement réfléchis ou fonctionnez-vous à l’impulsion du moment?
En réalité, je n’ai pas une démarche figée. Parfois je mûris à l’avance mon travail pour obtenir un résultat précis mais certaines fois je me laisse aller à l’inspiration du moment.
6- De l’idée à la création, passez-vous beaucoup de temps sur une photo?
Toutes les photos ne demandent pas le même temps depuis l’idée jusqu’à la création. Certaines photos s’offrent facilement à vous sans que vous ne le demandiez. En un temps record vous pouvez prendre une telle photo. Pour d’autres, vous aurez besoin de parcourir d’énormes distances ou de réunir beaucoup d’autres compétences comme des modèles, des stylistes et des maquilleuses ou même des accessoiristes. Les dernières vous prendront sûrement plus de temps.
[bctt tweet=” La photo c’est plus dans l’œil que dans le matériel ” username=”darimage @iwariapic”]
7- Du point de vue technique, quel type de matériel utilisez-vous ?
Côté matériel j’ai toujours navigué entre Nikon et Canon. Aujourd’hui j’utilise aisément les deux. Pour la retouche je la fais avec Photoshop et parfois Lightroom. Et pour l’ordinateur je suis encore sur Microsoft. J’utilise beaucoup la lumière de studio pour créer mes noir et blanc quoique je n’hésite pas parfois à profiter aussi de la lumière naturelle.
8- En parlant de noir et blanc, pourquoi un tel attachement à ces deux couleurs dans vos œuvres ?
Je pense personnellement que le monde a d’abord été créé en blanc-noir. Les couleurs sont venues par la suite. (Sourire, je déconne) Le noir et blanc pour moi est un style de pureté artistique qui se débarrasse de tous les détails qui pourraient distraire ou biaiser la lecture de l’image. Dans ce même monde rempli de couleurs, on a plus que jamais besoin du noir et blanc pour sa simplicité qui revêt une grande sophistication.
Pour moi, le noir et blanc est un style d’ouverture car il restitue en seulement deux (2) teintes des faits, des histoires ou des choses. A chacun de donner libre cours à son imagination par rapport à toutes les couleurs de départ qu’auraient pu avoir ces images. Je pense mes images en noir et blanc et c’est cela qui leur donne la force de la simplicité.
9- Dans quel domaine de la photographie voudrez-vous vous spécialiser ?
Je suis un artiste qui aborde les thèmes qui m’interpellent mais depuis peu la photographie ‘’Corporate’’ me préoccupe car dans ce domaine aussi il y a tellement de vide à combler.
10- Quelques conseils à l’endroit des photographes débutants ?
(Sourire) C’est difficile de donner des conseils quand soi-même on n’a pas encore fait de grands exploits dans un domaine. Mais si je dois me baser sur ma petite expérience voici ce que je conseillerais à tout débutant en photo :
– ne pas attendre le dernier appareil photo avant de se faire plaisir car la photo c’est plus dans l’œil que dans le matériel ;
– prendre beaucoup de photos car l’adage : « c’est en forgeant que l’on devient forgeron» s’applique aussi à la photographie ;
– regarder beaucoup le travail d’autres photographes car c’est ainsi que l’on aiguise sa propre vision ;
– Se laisser influencer n’est pas mauvais en soi mais il est important de
garder à l’esprit ce qui peut faire votre particularité ;
– Etre humble et ouvert car l’art s’exprime mieux quand on recourt à son esprit d’enfant.